Date(s) de diffusion(s) :
30 janvier 2021
21 août 1999
05 décembre 1998
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CCC : l'histoire du virus informatique
Une fois de plus, Monsieur X. m'a étonné. Je savais qu'il avait fait une grande partie de sa carrière dans les services secrets, et à plusieurs reprises, il m'a laissé entendre qu'il avait gardé de nombreux contacts dans les milieux du renseignement, des relations qui lui permettent encore aujourd'hui de nourrir ses récits qu'il dispense semaine après semaine. Mais je n'imaginais pas qu'il soit aussi bien informé sur les dernières techniques de l'espionnage, je veux parler du renseignement électronique.

Sans doute pensais-je qu'en raison de son âge, Monsieur X. était étranger au monde de l'informatique, j'avais tort. L'affaire qu'il a développée pour moi cette semaine le montre de façon éloquente. Il faut d'abord savoir que les services de renseignement, tous les services de renseignement, accordent une place de plus en plus importante à l'informatique et aux nouveaux modes de communication. Ne l'oublions pas, ce sont les militaires américains qui ont inventé le réseau Internet, sans mesurer sans doute quel en serait l'avenir. Quoiqu'il en soit, ces millions d'ordinateurs connectés dans le monde ont transformé définitivement les méthodes du renseignement.

D'abord parce que l'information ouverte, comme on l'appelle, et qui constitue quelque 90 pour 100 de la manne des services secrets, est désormais accessible instantanément. Mais surtout parce que le réseau Internet permet des intrusions à l'intérieur des systèmes informatiques les plus protégés, des intrusions dans les bases de données, mais aussi des sabotages, ce que d'aucun appellent le cyberterrorisme.

Les services de renseignement du monde entier ont donc mis au point des techniques leur permettant de piéger ces milliards d'informations qui circulent librement sur Internet. Aux Etats-Unis, par exemple, la NSA, la plus puissante agence de renseignement, avant même la CIA plus connue mais moins riche, surveille pratiquement toutes les communications internationales grâce à des systèmes informatiques gigantesques.

Et en avril dernier, un rapport d'un député britannique européen révélait l'existence du Réseau Echelon, un système mondial de surveillance électronique regroupant autour des Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, la Nouvelle-Zélande et l'Australie. Ce réseau permet l'interception de toutes les communications par satellite, de la majorité des appels téléphoniques, des fax et du courrier électronique. Un système qui peut intercepter plusieurs millions de communications à la minute.

Ces écoutes sont ensuite triées et filtrées au centre de la NSA par un puissant ensemble d'ordinateurs qui réagissent à un certain nombre de mots clés choisis par les opérateurs. Echelon, c'est évident, a démodé l'arsenal classique de l'espionnage. La plupart des experts estiment que les Etats-Unis et leurs alliés anglo-saxons ont ainsi bénéficié en particulier d'informations confidentielles dans la négociation d'importants contrats économiques au détriment d'autres pays comme la France.

L'affaire dont m'a entretenu Monsieur X. n'est pas moins importante. Ecoutez...