Conrad Kilian

Lorsqu'il est arrivé à ce nouveau rendez vous que lui avait fixé Monsieur X. Patrick Pesnot l'a trouvé debout près d'une table, en train d'examiner une grande carte. Il semblait extraordinairement attentif, passionné, étonné.

Si j'osais, je dirais même qu'il y avait sur le visage de ce vieil homme comme un air d'enfance. J'ai regardé à mon tour, j'ai vu qu'il s'agissait d'une carte du Sahara. Enfin, souriant, il s'est tourné vers moi. Puis il a promené son doigt sur la carte tout en murmurant Hoggar, Ténéré, Tassili, Tibesti, ces noms font rêver, n'est ce pas ? Moi, il suffit que je regarde une carte pour imaginer le mystère des déserts les Méharis d'autrefois, les caravanes d'hommes bleus, les soirées sous la tente, alors que dehors, la nuit étoilée est glaciale.

Il s'est à nouveau tourné vers moi. Il a ajouté. Pendant toute mon enfance, j'ai lu des récits sur les grands aventuriers du désert et l'un de mes grands regret, c'est de n'avoir vu le Sahara que d'un hublot d'avion. Et maintenant, à mon âge...

Il s'est assis un peu las. Puis il a replié la carte. Et, sans un mot d'explication, à brûle pourpoint, il a commencé à me raconter une histoire étonnante, un vrai roman d'aventures. Le parcours d'un homme oublié et quasi inconnu à son époque. Un homme qui a payé de sa vie son génie et peut être sa folie.