Date(s) de diffusion(s) :
15 mars 1997
23 décembre 2023
05 février 2022
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Pierre Cardot : qui était vraiment cet espion ?
Savez-vous ce qu'est 'un illégal dans le petit monde du renseignement' ? Selon le jargon du KGB, ce mot 'illégal' désigne un agent qui n'appartient pas à la sphère diplomatique, c'est-à-dire un agent qui ne bénéficie pas de la protection attachée à la fonction de diplomate. Et on sait que pendant longtemps, mais peut-être est ce toujours le cas, les ambassades russes ont été des viviers d'espions, puisqu'on a même estimé qu'un tiers du personnel diplomatique de certaines ambassades appartenait aux services secrets.
'Un illégal', c'est donc un clandestin immergé dans un pays hostile et donc particulièrement vulnérable. Avant d'être envoyé en mission dans ce pays, on lui a fabriqué ce qu'on appelle une légende, une histoire, un passé, une identité, une vie, en somme. Le futur agent apprend par coeur cette vie nouvelle que son service lui a construite parents, études, métiers, affinités, amours.
Pendant des semaines et des semaines, parfois des mois, il se familiarise avec ce nouveau lui-même. Jusqu'au jour où, enfin, on le juge prêt à plonger dans la clandestinité. Il part alors vers le pays qu'on lui a désigné, non sans faire de nombreux détours pour brouiller les pistes. D'après monsieur X, la formation d'un illégal est un investissement lourd pour un service de renseignement, car ces agents, qui ont d'abord reçu une formation classique d'espion, vont vivre pendant longtemps dans leur nouveau pays sans produire de résultats.
Il leur faudra progressivement s'intégrer et trouver, sans donner l'éveil, un point de chute où, enfin, ils pourront avoir accès à des informations intéressantes. Autant dire que ces illégaux sont donc relativement peu nombreux, même si certains pseudo spécialistes ont présenté des chiffres ahurissants. Enfin, il y a la délicate question de la transmission des informations recueillies puisque ces agents ne peuvent avoir en aucun cas des contacts avec leur ambassade. Monsieur X a donc choisi de nous raconter l'histoire de l'un de ces illégaux, un homme tout simple qu'on appelait Pierre Cardot. C'était tout au moins le seul nom sous lequel on le connaissait.