Date(s) de diffusion(s) :
31 janvier 1998
20 avril 2024
16 août 2023
07 janvier 2023
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La bleuite
On dirait un nom de maladie, la bleuite, et peut être était-ce réellement une maladie, une maladie qui a décimé les rangs du FLN pendant la guerre d'Algérie, une maladie insidieuse et mortelle, volontairement introduite dans les maquis algériens par l'armée française.

Monsieur X, peut être vous en souvenez vous, a déjà apporté la preuve qu'il avait personnellement joué un rôle important en Algérie. Mais avant de l'entendre nous raconter dans le détail cette extraordinaire opération d'intoxication, voici quelques précisions d'ordre historique.

Tout commence le 8 novembre 1956. Ce jour là, le général Salan est désigné comme commandant de la 10ème région militaire et commandant suprême en Algérie. Deux mois plus tard, Salan est convoqué par le ministre résident Robert Lacoste. Celui ci l'informe que sur l'ensemble du département d'Alger, il va donner tous les pouvoirs de police à la 10ème division de parachutistes commandée par le général Massu.

Une décision grave, inédite et très importante, car cela signifie que l'autorité civile se dessaisit de ses pouvoirs et les confie à l'armée. On sait ce qu'il en adviendra. Certes, les paras de Massu gagneront la bataille d'Alger et la ville recouvrera le calme. Mais ils multiplieront aussi les exécutions sommaires et généraliseront l'emploi de la torture.

Qui sont les hommes à qui on attribue ces pouvoirs de police ? La plupart ont déjà combattu en Indochine, où ils ont fait face à une véritable armée organisée, surtout dans les dernières années. Mais certains, comme le colonel Trinquier et ses officiers, en sont revenus avec des idées bien précises sur les méthodes à appliquer en matière de guerre subversive. Des idées qu'ils ont d'ailleurs paradoxalement piochées dans les théories de Mao Zedong.

C'est ainsi, nous l'avons appris au cours d'un précédent récit de Monsieur X, qu'ils ont créé en Indochine des maquis pro français formés de combattants autochtones, avec une contrepartie de taille pour obtenir le soutien de ces maquisards anti vietminh. Il leur fallait aussi se transformer en trafiquants d'opium.

C'est donc à ces hommes, féru d'action psychologique et de guerre anti subversive, que l'on confie les pouvoirs de police à Alger.