Date(s) de diffusion(s) :
15 mai 2010
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Septembre 1989, l'attentat contre le DC10 d'UTA (2/2)
Le crime était signé, le coupable rapidement désigné. L'affaire était entendue : c'était Kadhafi ! Un trublion international déjà responsable de tant de mauvais coups qu'on pouvait sans crainte lui attribuer ce nouveau forfait. Et d'ailleurs le fait qu'il ait consenti tardivement à indemniser les familles de ses victimes était bel et bien un aveu de culpabilité.
Certes, c'était troublant. Mais pour autant ce n'était peut-être pas l'entière vérité. C'est en tout cas ce que semble penser Monsieur X qui a commencé la semaine passée à rouvrir le dossier de l'attentat contre le DC 10 d'UTA en 1989. Un drame qui a provoqué la mort de 170 personnes. Bref, si, dans cette affaire, la Libye n'est pas absolument innocente, bien au contraire, on s'est peut-être trompé de commanditaire.
Je résume le propos de mon interlocuteur avant de lui donner à nouveau la parole. Immédiatement après ce terrible attentat, les services secrets français ciblent un pays du Moyen-Orient, Syrie ou Iran. Le mode opératoire utilisé, une valise tapissée d'explosif, porte en effet la signature d'un groupe terroriste, le FPLP-Commandement général du Syro-Palestinien Ahmed Jibril. Un homme qui, à l'époque, s'est rapproché de l'Iran et de son pays d'adoption, la Syrie, et qui a été expulsé de la Libye où il s'était établi depuis de longues années.
Cependant, la Sécurité militaire congolaise qui mène l'enquête de son côté, puisque l'appareil a décollé de Brazzaville, produit un témoin qui accuse les services libyens et en particulier son représentant sur place, Abdallah Elazrag. Ce diplomate, membre des services spéciaux, aurait manipulé le porteur de la valise piégée, un certain Apollinaire Mangatany. Le magistrat instructeur français, le célèbre Jean-Louis Bruguière, accrédite aussitôt cette version. Il n'en démordra plus. Pourtant un certain nombre de spécialistes de la guerre secrète font observer que la Libye, qui a été longtemps en conflit avec la France au sujet de ses prétentions territoriales au nord du Tchad, vient de faire la paix avec notre pays, quelques jours seulement avant l'attentat. Kadhafi n'aurait donc plus de mobile pour frapper la France.
Cela ne suffit pas à convaincre le magistrat. Bientôt, il va pouvoir faire état d'une nouvelle preuve mettant en cause la Libye.