Date(s) de diffusion(s) :
16 mars 2024
08 novembre 1997
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Provenance :Fichier transmis par Grégoire Lenfant
L'affaire roumaine
Une affaire qui a vu, dans les années 1950, un agent communiste roumain de la Securitate, la police politique secrète roumaine, Mihai Caraman, mener un réseau d'espionnage contre l'OTAN, à Paris, sous couverture de l'ambassade de Roumanie.
Une affaire qui, d'après les meilleurs spécialistes, demeure aujourd'hui encore un cas d'école pour les services de renseignement. Rarement une officine d'espionnage a effectué un travail de recrutement aussi ciblé, aussi efficace. Les informateurs clandestins qui composaient ce réseau avaient tous fait l'objet d'enquêtes préalables et avaient donc été sélectionnés en toute connaissance de cause.
L'homme qui a dirigé ce réseau s'appelle Mihai Caraman et il y a encore peu de temps, il était toujours l'un des dirigeants des services spéciaux roumains l'ex-Securitate. Le régime a changé, les chefs espions demeurent. Mihai Caraman a été recruté à l'âge de 24 ans par la Securitate, après une longue et méticuleuse formation, ce francophone a bien sûr été envoyé à Paris à la fin des années 50. Officiellement, il était diplomate, premier secrétaire et conseiller commercial à l'ambassade de Roumanie. Une couverture relativement classique qui permet de nouer des contacts dans les milieux les plus divers. Comme Caraman ne manquait ni de charme ni d'intelligence, il s'est révélé très rapidement comme un agent redoutable.
Le réseau Caraman a été démantelé en 1969 après avoir fonctionné pendant des années sans éveiller les soupçons du contre espionnage français. Ses informateurs ont été arrêtés, jugés et condamnés. Quatorze diplomates roumains ont été poliment priés de regagner leur pays. Caraman avait déjà pris les devants et avait retrouvé Bucarest. Il faut noter que l'un des diplomates expulsés est revenu quelques années plus tard en France avec le titre d'ambassadeur. Le Quai d'Orsay n'a pas jugé bon de lui refuser son accréditation. Tout succès se paye par une défaite et la défaite, c'est à dire la revanche de la Securitate, a été à la mesure du spectaculaire succès qu'a été le démantèlement du réseau Caraman.