Date(s) de diffusion(s) :
17 mai 1997
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Provenance :Fichier transmis par Grégoire Lenfant
L'affaire Farewell
Le 5 avril 1983 à Paris, 47 diplomates et représentants soviétiques sont accusés d'espionnage et immédiatement expulsés. L'affaire fait grand bruit, tant par le grand nombre de diplomates expulsés que par la publicité faite à cette expulsion. Mais à l'époque, personne ou presque ne sait que cette affaire cache une extraordinaire histoire d'espionnage.

Mais revenons deux ans en arrière. En 1981, François Mitterrand vient d'être élu. Pour la première fois depuis 1947, des ministres communistes entrent au gouvernement. Bien que la France ait pris quelque peu ses distances avec le temps, l'émotion est grande chez nos alliés occidentaux qui imaginent déjà les secrets militaires touchant la défense de l'Ouest, passer aussitôt à l'Est.
D'ailleurs, le gouvernement Mauroy est à peine formé que le vice-président Bush arrive à Paris. Il exprime officiellement les inquiétudes de Ronald Reagan. Un mois plus tard, c'est le sommet d'Ottawa, le sommet des sept pays les plus industrialisés. On s'attend à ce que le président français soit considéré comme un pestiféré. Mais François Mitterrand, au cours d'un tête à tête avec Ronald Reagan, lui révèle un fabuleux secret : la France possède à l'Est une taupe infiltrée au sein même de la direction du KGB, et ce que cette taupe a déjà fourni est inouï.

Le monde occidental est littéralement pillé par l'espionnage soviétique, particulièrement les Etats-Unis. Un espionnage qui s'attaque aux technologies les plus sophistiquées, les plus sensibles, et permettent à l'URSS, non seulement de se tenir à niveau, mais aussi de faire de considérables économies dans le domaine de la recherche.

Bref, c'est un véritable parasitage économique et technologique que l'URSS a patiemment mise en place. Mais grâce à cette taupe, l'Occident va pouvoir réagir, se défendre et porter des coups décisifs contre les espions de l'Est. Reagan est abasourdi et désormais, il ne regardera plus tout à fait de la même façon ce président français qui a osé nommer quatre ministres communistes.

La suite, on la connaît. Ronald Reagan durcit son attitude vis à vis de l'URSS. La course aux armements, qui n'avait vraiment jamais cessé, repart de plus belle. Le président américain prône la guerre des étoiles. Un peu partout, des diplomates soviétiques sont expulsés. On a l'impression de se retrouver aux heures les plus tendues de la guerre froide. Mais peu à peu, la fermeté occidentale porte ses fruits. Le numéro un soviétique, Andropov, lâche du lest. Bientôt, ce sera Gorbatchev, la pérestroïka et la chute du mur de Berlin.

Bien sûr, on ne peut pas expliquer la chute de l'empire soviétique par la seule existence de cette taupe qui travaillait pour la France. Mais son action, incontestablement, a joué un rôle. En tout cas, il n'a pas fini de percer les secrets de Vladimir Vetrov, cet espion connu sous le nom de code Farewell. Car, sous bien des aspects, cette histoire demeure toujours mystérieuse. Et aujourd'hui encore, les services qui ont eu à la connaître ne semblent guère désireux d'en parler.